“Alors ce retour, pas trop dur ?”

par | 20 Oct 2017 | Inspiration - Humeur | 10 commentaires

Date de dernière mise à jour : le 23 juillet 2018

Alors voilà. Paris

Retour à Seine City

Nous sommes de retour. Des souvenirs plein les yeux et des projets plein la tête.

Oui, mais nous sommes de retour.

“Alors ce retour, pas trop dur ?” On nous l’a posé quelques fois cette question et on ne sait jamais jusqu’où être honnête dans la réponse…

Pour dire vrai, cette phase-là du voyage, on l’appréhendait un peu… Passées les quelques semaines d’enthousiasme, de partages et de retrouvailles avec nos familles et amis, on savait que ça allait être difficile.

On ne s’était pas trompés. Oui c’est dur !

Revenir à la vie sédentaire ; replonger dans la folie parisienne, son métro, sa pollution, ses bruits ; chercher un appartement ; reprendre un travail ou en chercher un… bref, ça fait comme un choc.


La quête du Graal : la recherche d’appartement


Ça peut sembler naïf voire même ridicule mais on pensait que ça allait être assez…facile. Ou du moins la chose la plus simple à gérer de notre retour. C’est du matériel, pas de prise de tête puisque notre situation qui sort peut-être un peu de l’ordinaire n’est pas si compliquée que ça !

Oui alors non. Première erreur.

Si tu ne rentres pas dans les (milliers de) cases OBLIGATOIRES des dossiers de location, ça n’est pas facile !

Pourtant notre situation était assez limpide :

ELLE : j’ai démissionné de mon poste avant de partir, je recherche donc un nouveau poste.

Bon en gros pour les proprio, ce profil ne sert à rien. Ça, ça rentre dans la case « fainéant » qui a été récemment mise à jour et qui est rédhibitoire. Mais au moins la situation est claire.

LUI : j’ai bénéficié d’un congé sans solde de 15 mois (oui… on n’est pas loin de la case fainéant mais pas tout à fait…) Ce qui signifie que mon contrat initial a été suspendu. Ce qui signifie que pendant 15 mois je n’ai pas travaillé et que donc logiquement je n’ai PAS de fiches de salaire des 3 derniers mois. Mais ce qui signifie aussi que je vais donc, à la fin des 15 mois (octobre quoi) reprendre le même travail. Au même salaire. Dans la même société.  Avec le même contrat.

Ca semble simple ? Oui mais non. Parce que ça ne rentre pas dans les cases !

On a donc enchainé dépôts de dossiers sur dépôts de dossiers. Parfois on était rejeté avant même d’avoir pu visiter l’appart… (Eh mais ça se trouve elle ne nous plaisait même pas votre cage à lapins !)

Les raisons du refus étaient : « votre salaire ne fait pas 3 fois le montant du loyer ».

Alors merci les mails de réponses types mais à moins qu’il y ait eu une réforme des mathématiques pendant notre absence ou une panne générale des calculettes depuis notre retour, le salaire de Stéphane faisait bien 3 fois le montant du loyer (on n’est pas totalement abrutis, on ne postule QUE pour des appartements pour lesquels on remplit cette condition).

Et puis on avait prévu une sous location pour une durée de 3 semaines, jusque fin septembre. Ce qui nous semblait suffisant pour trouver un appart.

Bah non. Deuxième erreur.

Fin de la sous-location. Pas d’appartement trouvé. On est parti vivre quelques temps dans la famille de Monsieur, avec à l’esprit la conclusion que l’on n’avait pas des revenus suffisant.

Oui mais pas que. Troisième erreur.

On est entrée dans la situation ubuesque du (accrochez-vous c’est digne de « La Classe américaine ») : « On peut ne pas gagner assez d’argent et aussi, en même temps, gagner trop d’argent ! » Vous allez comprendre (enfin peut-être… nous on n’en revient toujours pas…)

On en a donc appelé à la famille. Le papa de Monsieur s’est ainsi porté caution. (Je passe sur ce sentiment de fierté qui nous enivre à 31 et 37 ans de devoir demander ça à ses parents alors que l’on a des revenus, bref…)

On avait donc un dossier BETON. Normalement.

Et on tombe sur LA perle rare. L’appartement de nos rêves. Avec cave, parking, balcon, 60 m², un loyer normal, location directe au propriétaire, donc pas d’agence pour te voler ton argent  prendre des frais. Bref, parfait.

C’était forcément une illusion. Mais on tente le coup quand même.

On téléphone.  Le feeling passe super bien avec le propriétaire. On explique notre situation, notre voyage, notre retour, la reprise du travail. Il comprend tout parfaitement.

On visite l’appartement. Il est à tomber. On le veut. Évidemment.

Arrive la discussion sur le dossier. Pour vendre notre dossier bêton on est même venu à 3, le papa caution nous a prêté main forte. Et le propriétaire nous demande nos revenus 2015. 2015 ? Oui, oui. Oh bah nickel !! C’est l’année durant laquelle on faisait plein d’économies, où l’on a bossé comme des fous pour mettre de côté l’argent de notre voyage.

On donne fièrement les montants de nos revenus imposables, persuadés d’avancer les dernières pièces de notre dossier, genre le carré d’as, THE cerise sur le cake.

Et là le proprio nous dit : « Oh mais vous avez super bien gagné cette année-là ! »

Nous, très fiers : « Bah oui, on préparait notre voyage, on économisait, on travaillait beaucoup… »

Et le proprio d’ajouter : « Ah oui mais vous avez TROP gagné. Moi, je dois rentrer dans les cases de la loi trucmuche et mes locataires ne doivent pas avoir des revenus supérieurs au plafond fixé par la loi ».

Nous : « … »

(Oui alors les « … » traduisant un sentiment entre le dépit et l’incrédulité avec une once d’agacement. Pour rester polis).

Oui donc on n’a pas eu l’appartement.

Parce qu’on a trop gagné en 2015.

Ahaha.

Voilà à quoi on ressemblait à la fin de nos recherches d’appartement…

Bon, on a finalement trouvé une autre annonce, on a déposé un autre dossier et on a eu cet autre appartement (principalement grâce au Papa de Monsieur qui a su convaincre l’agent immo. Oui parce que là il y en avait un…).

On est donc aujourd’hui installés et l’appartement est plutôt sympa (même si on tente encore de s’habituer aux bus, aux voitures de police et camions de pompiers qui passent sirènes hurlantes juste en bas et à l’acoustique de la rue qui fait que le volume sonore semble démultiplié… (on vous évoquait le calme parisien…)

Bref, aujourd’hui l’un de nous deux a repris le travail et l’autre tente d’en trouver un.


Le travail


Alors voilà, c’est LE point le plus difficile de notre vie depuis le retour. C’est un peu de matériel et beaucoup de travail dans la tête. De remises en question. D’interrogations. Bref de bouleversement.

Que faire de son quotidien (quand on n’a pas de travail) ou comment reprendre son quotidien d’avant (quand on a un boulot) ?

On a vécu 13 mois à ne faire que ce qui nous intéressait. Principalement de la photo d’ailleurs.

Dur de retourner dans un métier qui ne nous intéresse maintenant que moyennement (un euphémisme est caché dans cette phrase sauras-tu le retrouver ?)

ELLE : J’ai quitté un métier et une chose est sûre, je ne veux pas le retrouver. Ce quotidien ne me correspond plus. Mais dans ce cas je fais quoi ? Je reste dans le même domaine ? Même si ce n’est pas l’extase c’est ce que je sais faire ? Oui mais peut-être qu’il serait temps de se lancer dans autre chose… Mais dans quoi ? Et puis sans argent… c’est un peu compliqué au quotidien…

LUI : Je vais donc reprend mon job. Je le savais que ça allait arriver. Mais comment retrouver la motivation de faire quelques choses qui ne me correspond plus ? Quelque chose qui ne m’inspire plus ? Ne me boost plus ? Aller voir ailleurs ? Oui mais ça sera pareil. Chercher un autre métier ? Oui mais quoi ? Et puis sans argent… c’est un peu compliqué au quotidien…

Bref. 1 ou 2 questions existentielles qui pèsent un peu. Mais sur le fond on est d’accord. Et puis on arrive à la même conclusion.

On a des projets. Pas mal d’ailleurs. Dans nos têtes pour l’instant mais on espère les mettre en forme rapidement. Sauf que ça prend du temps. Beaucoup de temps. Et parfois un peu d’investissement quand même. Financier j’entends. Il faut donc de l’argent. Et donc un job.

Ahaha. La boucle est bouclée. Le paradoxe installé.

On n’entre plus dans les cases prévues. On dépasse, on déborde, on dessine à côté. Bref, on est un peu décalé.


Le fameux décalage


On a donc retrouvé nos amis, nos familles après 13 mois passés loin d’eux. Et juste ça, c’est assez magique : ce retour, ces retrouvailles. On a discuté, on a mangé, on a raconté, on a montré nos photos. Bref on a essayé de retranscrire un peu à nos proches ce que l’on a ressenti pendant cette longue année.

Mais rapidement les choses reprennent leur cours. Le quotidien se réinstalle. On ne va pas parler de notre voyage tout le temps ni montrer nos 40.000 photos (oui oui, il n’y a pas de zéro en trop) à tous les repas de famille. Chacun reprend sa vie. Et c’est bien normal.

Sauf que nous, bah on est un peu à côté de nos tongs. Déjà il manque l’un de nous 3. Tikal est un peu loin en ce moment. Et puis on veut encore faire vivre notre voyage. Ne pas passer à autre chose. En parler. Encore et encore. Raconter encore des anecdotes. Montrer encore des photos. Et construire sur ce socle.

Alors on se sent un peu en décalage. Notre quotidien est difficile à retrouver. Tout comme nos habitudes. Et puis, ça va vous faire sourire, mais on a du mal à réapprendre à passer du temps séparés (oui mais mine de rien on a passé 13 mois collés l’un à l’autre et quand il a fallu que Monsieur parte au travail ça a fait tout bizarre…).

Aujourd’hui on construit un nouveau quotidien. On tâtonne. On cherche. Et puis on se cherche aussi un peu.

Mais on est 2 et on sait que l’on va trouver des réponses. Ou du moins des compromis. On sait que l’on saura préserver l’essentiel.

Pourtant le risque est d’oublier. Non pas notre voyage, mais oublier tout ce que notre voyage nous a appris. C’est à cela que l’on veut finalement s’accrocher. Peut-être faut-il alors que l’on trouve le courage…. Le courage d’appliquer ce que l’on a appris.

Le courage de suivre nos envies.

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