Un billet un peu personnel. Pour une fois.
Mais je crois que c’est quelque chose que j’avais envie de partager.
J’ai eu une discussion il y a quelques jours avec une personne qui me connait depuis très longtemps mais que je n’avais pas vu depuis un bout de temps. Je lui ai annoncé que j’avais quitté le métier d’avocat et que je me lançais dans la photo. Et j’étais fière.
Pour dire vrai il m’a fallu beaucoup de courage pour prendre cette décision. Quitter la profession d’avocat, et tout ce qui en découlait, le statut, le salaire et la carrière. Me lancer dans la photo. En faire mon métier. Tenter de l’assumer. Et essayer aujourd’hui de passer outre ce syndrome de l’imposteur.
J’attendais beaucoup de cette annonce à cette personne. Et oui, naïvement une réaction enjouée, des félicitations et encouragements. Bref de la bienveillance.
Mais non, j’ai eu un vague : « Mais pourquoi te lancer dans la photo, c’est totalement fou ».
Ok.
Je me suis sentie comme à mes 18 ans. Comme si ce que je voulais faire était débile. En dehors des réalités. Que je ne n’y arriverai pas. Que je n’avais pas le talent.
Bref ça m’a replongée dans une phase de doutes et de remises en question.
Parce que le regard des autres a toujours compté pour moi. Et parce qu’il a toujours eu un énorme impact sur moi, mon bien-être et mes choix.
Cependant avec l’âge je tente de prendre de la hauteur. Me détacher des autres.
Il faut prendre du recul : se rappeler que ce choix de faire de la photo s’est imposé à moi, que c’est ce que j’aime faire et surtout que c’est ce que je veux faire.
Si je n’y arrive pas tant pis. Mais j’aurais essayé. Et peut-être aurait-il fallu que je fasse ce choix à 18 ans : devenir photographe.
Alors oui, je crois que ce que j’ai ressenti n’est pas un cas isolé. Je pense même que cela arrive souvent sans d’ailleurs que la personne qui exprime si durement son avis soit consciente de l’impact de ses propos.
Et ça remonte à loin en réalité.
« Tu feras de longues études »
Je, Dana, ai donc fait de longues études. Très longues. 8 ans après le bac. Un tunnel bien sans fin dans lequel on s’engouffre quand on a à peine 18 ans. Un tunnel duquel il est compliqué de s’extirper en cours de route.
Mais moi, à 18 ans, j’étais encore un peu perdue dans mes désirs d’avenir. Ou alors avais-je du mal à assumer mes propres envies. Oui parce que dès le plus jeune âge il faut rentrer dans des cases. Suivre les directions imposées.
Par les proches, par les profs, par la société.
Dès petite à l’école, on m’a dit que je ferai de longues études. Oui parce que j’étais bonne élève. Et que donc c’était logique.
Pourquoi doit-on faire de longues études si on a de bonnes notes ? Et d’ailleurs, on peut faire de longues études même si on est un élève moyen en CP. Déjà. Et puis on peut décider de ne pas faire de longues études même si on est premier de la classe.
Si si je vous assure.
Oui parce qu’en réalité, ce qu’on oublie un peu c’est l’envie.
Moi quand j’étais petite par exemple, je voulais être journaliste. Et photographe. Et pourquoi pas comédienne.
Et puis petit à petit, à force que l’on me dise que je ferai de longues, et que j’aurai un vrai métier (photographe ou comédien c’est un hobby, personne n’en vit !) j’ai eu l’impression que cette idée devenait mon propre choix. Ou plutôt que je n’avais pas de choix.
Et puis faire de longues études c’est avoir un beau métier, une carrière et de l’argent. C’est ça la réussite.
« Avoir un beau métier et de l’argent »
Personne n’est à blâmer. Je pense que ce sont des choses assez naturelles dans notre société. Un raisonnement qui est dans la logique de notre mode de vie. Dans la logique de notre système. La réussite c’est souvent l’argent.
Je suis immigrée. Je suis arrivée en France à 4 ans. Partie d’un pays communiste, j’ai découvert les bananes en France.
Oui le fruit. C’est possible.
Je partais de loin donc.
Comment reprocher à qui que ce soit, à mes proches, à mes grands-parents restés en Roumanie, de vouloir pour moi un statut social à l’image de ce pays occidental qui m’a accueillie. Un métier qui soit socialement enviable et qui m’offre un confort matériel qu’une partie de ma famille n’a pas connu.
Mais au-delà de ma famille c’est tout le monde qui pousse dans ce sens.
Les profs, les parents des autres enfants, les amis de la famille, les médias. Bref la société.
« Oui parce qu’il y a des métiers sans avenir »
Certes, il y a des secteurs plus prisés que d’autres. Des domaines dans lesquels il est plus difficile de percer. Mais est-ce pour cela que la personne à laquelle on dit « Non mais laisse tomber, le secteur est bouché » n’y arrivera pas ?
On aurait pu dire à Simone de Beauvoir : « Non mais écoute, il y a déjà des livres qui ont été écrits. D’ailleurs, il y en plein les bibliothèques, le secteur est bouché c’est mort ». Ou a Dorothea Lange : “oh écoute la photo, ça sert pas à grand chose quand même, tu voudrais pas faire un truc utile plutôt ?”. Mais ça aurait été dommage, non ?
Bah c’est pareil pour chacun des enfants qui exprime une envie qui peut sembler originale pour certains. Pourquoi répondre du tac au tac ; « Oh bah non, ce n’est pas un métier ça comédien », « bah non tu ne vivras pas de la photo ».
Et pourquoi pas discuter, comprendre, conseiller et soutenir. Éclairer le choix des ados, leur fournir toutes les informations pour que le choix soit fait en connaissance de cause mais soutenir aussi. Et arriver, ensemble peut-être à un choix. Mais qui soit aussi leur choix.
Bref faire preuve de bienveillance et encourager. C’est important la bienveillance, il semblerait que notre société en manque un peu…
Parce que rien n’est impossible.
Et même si on n’y arrive pas, que l’on tombe, et bien on se relève et on repart.
Au moins on aura osé.
Parce qu’ “il est dur d’échouer. Mais il est pire de n’avoir jamais tenté de réussir” Roosevelt.
Si vous aussi, comme moi et beaucoup d’autres personnes, vous accordez une importance énorme au regard des autres, je vous conseille de regarder cette vidéo : Se libérer du regard des autres.
(qui m’a été conseillée par Chrys du blog Wait and Sea et que je remercie ici de me motiver, me soutenir et me booster !!)
N’hésitez pas à garder cet article sous le coude sur Pinterest pour vos prochaines escapades :
Oui Osons, puisque que de toute façon chacun dira toujours quelque chose ! Moi je crois en toi et je sais que tu réaliseras de très belles choses 🙂
Merci !! Oui osons osons !!
En fait je trouve qu’on ne nous laisse jamais le temps de réfléchir, de penser, d’analyser ce qu’on aime faire, Dès le collège il faut choisir dans quel lycée on ira, c’est à dire déjà décider si c’est du général, du pro, ou autre, alors qu’on a à peine 14/15 ans. Comment est-ce possible qu’à cet âge-là on sache ? On connait rien de la vie. Notre vie c’est l’école, et nos parents. C’est tout. Je trouve ça aberrant qu’on ne soit pas plus accompagné, que l’école et tout le reste n’écoute pas plus les enfants. La pression qu’on a pour faire des études lorsqu’on est bon à l’école est dingue. En fait on ne te laisse même pas le choix de faire autre chose, c’est juste normal… Il faut bien du courage pour changer de voie, oser faire ce qu’on aime faire c’est souvent pas très bien compris finalement. Je suis sûre que tu vas réussir, tu as tout pour et tu travailles dur pour ça, alors tu vas réussir. Et quand bien même, tu feras autre chose, rien n’est jamais gravé. Je t’envoie pleins de bonnes ondes, de courage, et de bisous aussi, et je crois en toi.
Rolala la puissance de ce message !! Merci Marion, ça m’a mis les larmes aux yeux ! Je suis d’accord avec toi, même si on ne réussit pas exactement comme on le pense, on peut toujours rebondir. Merci pour ces doux mots. Je t’envoie plein de belle énergie (et des bisous aussi !).
Il me parle tellement ton article Dana ! Je ne comprends toujours pas comment on peut nous demander de choisir notre vie à 15 ans, c’est n’importe quoi. À 15 ans tu n’as aucune idée du monde du travail, de ce qu’il te plait ou non… Et donc tu suis le mouvement, c’est tellement dommage. Je trouve aussi que l’école devrait être plus ouverte quant aux choix des enfants, mais la société surtout.
Juste pour l’exemple, ça va faire un an que je suis freelance, et mes parents me demandent encore si mes clients me payent vraiment. Genre, avec du vrai argent. Ils ne comprennent pas, ou très mal, que c’est un vrai métier, oui oui, promis. C’est peut être une question de génération aussi, je ne sais pas.
Mais en tout cas ce que je sais c’est que tu vas faire de très belle choses, parce que tu es douée et que tu aimes la photo ! Et quand on aime, c’est toujours réussi, au moins pour soi.
Plein de bisous, et plein de bonnes ondes <3
Merci Mélissa ! Mais du coup tu payes ton loyer avec du vrai argent et tu achètes à manger avec du vrai argent aussi ? 😉 Des bisous à vous deux et passez de bonnes fêtes ! <3
Je me retrouve dans ce que tu racontes. Et je te souhaite beaucoup de bonheur et d’épanouissement.
Merci beaucoup Alexandra ! Je te souhaite aussi plein de bonheur, de joie et d’épanouissement !
J’apprécie ces articles personnels et le partage de tes réflexions. J’ai des ébauches comme ça que je n’ai jamais partagé, ce n’est pas facile de se livrer. J’ai également fait des études et je suis sensible au regard des autres. On m’a dissuadé de suivre une voie aussi plus jeune car j’avais de bons résultats mais finalement j’ai évolué et je ne regrette pas. J’ai la chance d’avoir trouvé un métier qui me plait, un métier qui a du sens, il faut juste que je trouve comment l’exercer sans renoncer au voyage. Etant immigrée au Canada, je comprends que cela ne facilite pas de suivre sa propre voie alors qu’on est déjà marginal et que l’on doit faire ses preuves pour s’intégrer. En France, je ne pense pas que ce soit un problème de bienveillance que tu as rencontré, c’est plus que l’on a tendance à être résigné et à projeter nos propres craintes sur celles des autres. On a été confronté à cela rien qu’en partant en tour du monde.
Pour finir, je vais donc t’encourager dans la voie que tu as choisie et te souhaiter de vivre la vie que tu veux.
Bonne continuation
Merci, tes mots me touchent beaucoup ! Je te souhaite plein de bonheur et d’épanouissement dans tes projets, au Canada ou là où le vente te portera!
C’est vraiment cela que je ressens. À plusieurs moment de ma vie j’ai voulu changer de voie et je l’ai fait d’ailleur, mais non sans mal socialement parlant.
C’est comme ça que j’ai commencé boulanger, parce qu’il fallait choisir vite. Puis l’armée (grosse erreur). Animateur en magasin-gardien-logisticien-go-charpentier, (en sarl pendant 5 ans)-maintenance bateaux-re charpentier-et j’en passe.
Enfin cette année je vais bosser à mi temps pour me consacrer également à la photo et aux voyages. Je débute complètement, (qui tente rien n’a rien).
Comme dit plus haut, rien est figé,bien au contraire.
Bon courage pour la suite, je suis ça de près de insta
Merci ! C’est formidable d’avoir le courage de changer lorsqu’on en sent l’envie et le besoin, ton parcours est très chouette ! Bon courage à toi et je te souhaite plein de réussite !
Je ne sais pas si c’est vraiment un manque de bienveillance, mais peut-être de la jalousie ou de l’envie. En France, j’ai l’impression que cela reste mal vu de s’écarter de la route qui t’as été tracée (surtout quand tu as fait de longues études). Bonne élève, j’ai également suivie cette voie. J’ai aimé mes études, mais je ne me retrouve pas forcément dans la monde du travail. En fait, rien de ce que j’ai appris à l’école ne ressemble à la vie dans une entreprise et je ne me sens pas toujours à ma place dans ce milieu. Je n’ai pas encore eu le courage de prendre ma propre voie car effectivement les résistances, et la pression sociale, est forte (et je dirais encore plus quand tu as un bon travail en CDI bien payé lol).
Je te souhaite une belle réussite dans ton projet et en effet qui ne tente rien n’à rien et le plus important c’est que au moins tu n’auras pas le regret de ne pas avoir essayé!
C’est un article très fort que tu as écris !
Je comprends ton ressenti, en partie en tout cas, car j’ai toujours été en dehors des clous par rapport aux autres. Je suis celle qui n’a pas continué après le bac pour partir en Angleterre et apprendre l’anglais, celle qui n’a pas de métier fixe mais qui vie la vie qu’elle a choisi. J’ai rarement eu de retour négatif de la part de ma famille et amis proches, mais je me demande bien ce qui peut se dire derrière mon dos.
Ya toujours le côté “que pensent les autres ?”, mais a mon avis, tu as bien fait de choisir de t’épanouir en réalisant tes envies même en gagnant moins plutôt que de dépérir en gagnant suffisament.
En tout cas j’adore tes photo et ron travail et je te souhaite bonne chance pour la suite de tes et vos projets !!
Des bises
Merci beaucoup !! C’est adorable ! <3
Les P’tits Gros 2019 sont terminés ,Tout s’est bien passé ,et voilà que j’ai un peu de temps pour te lire et même te répondre
Tu es aussi douée pour écrire que pour faire des photos; avocate je ne sais pas mais mais te connaissant un peu je suis certain que ça te faisait passer des mauvaises nuits
Je suis certain que tu trouveras le bonheur dans la photo et lӎcriture (tu es une des rares que je lis aussi facilement)
je te laisse également utiliser la notoriété du forum BMH pour faire connaitre vos projets et aventures
Bises à vous deux, Bernard
Ton texte est très touchant et tu as bien raison de vivre ta passion! Ton histoire ressemble beaucoup à la mienne. Je ne suis pas immigrée mais fille d’immigrés, de parents qui voient la réussite comme le fait d’avoir un statut, une maison et de l’argent. J’ai aussi fait des études de droit sans trop savoir vers quoi ça allait me mener. J’ai commencé à bosser, à m’ennuyer…
Puis, j’ai découvert la nature, la montagne, la beauté de cette planète. Alors j’ai tout plaqué il y a 2 ans de ça pour découvrir ce monde et vivre la vanlife 🙂 A l’heure actuelle, je n’ai pas encore choisi de but à proprement parler, mis à part celui de partager mon expérience à travers un blog et Instagram pour pousser les gens à vivre leurs rêves quels qu’ils soient!
En tous cas, tu sembles très épanouie et c’est l’essentiel 🙂
Love
Lucie
Merci beaucoup pour tes mots et ton témoignage !
Je te souhaites de te sentir bien sur la route et de faire plein de rencontres enrichissantes!
Au plaisir de se croiser un jour.
Dana